Principaux sites en Afrique de l'Est

Date de mise à jour : 16 avril 2013

Kenya – « Central Province » 

La « Central Province » est la principale région productrice de café du Kenya. Située au nord de Nairobi, elle est bordée au Nord par le Mt Kenya, à l’Ouest par le massif des Aberdares et au Sud Est par les collines de Machakos.  Le caféier y est cultivé sur les flancs de ces reliefs situés entre 1400 et 2000 m,  dans des systèmes agroforestiers très variés de type bocage et sur de petites exploitations de moins d’un hectare (plus de 300000 aujourd’hui). Le café kenyan jouit d’une bonne réputation internationale pour son arôme et son acidité légère.

Depuis la dernière crise des cours du café (98/04) et en raison de la forte pression démographique et l’urbanisme grandissant dans la région, les surfaces plantées en café et la production caféière sont en décroissance. Les travaux récents développés dans la région (projet CAFNET, partenariat Cirad / ICRAF / CRF / Mugama Coffee Farmer Union) montrent que les revenus tirés des arbres associés (bois d’œuvre, bois de feu, fruitiers) sont souvent supérieurs à ceux du café qui restent cependant vitaux à la survie de l’exploitation.

Les arbres associés aux caféiers sont principalement des espèces exotiques (Grevillea robusta et Eucalyptus spp) plantés aux pourtours des parcelles et qui contribuent grandement aux besoins en bois des ménages, mais ne remplissent pas les fonctions éco-systémiques attendues d’une association agroforestière. Au Kenya, l’un des principaux challenges est de réintroduire de la diversité arborée au sein des parcelles caféières et fermes. Des enquêtes récentes sur les savoirs paysans montrent qu’il existe une large gamme d’espèces natives pouvant remplir ce rôle, notamment en termes d’amélioration du microclimat, de la fertilité des sols, du cycle de l’eau et du recyclage des nutriments, ainsi que pour la réduction de la pression parasitaire sur caféier. 

En Afrique de l’Est et plus particulièrement au Kenya, les travaux de recherche menés ces dernières décennies par les institutions nationales ont essentiellement porté sur l’optimisation de la productivité du café dans des monocultures intensifiés ou systèmes peu diversifiés; l’ombrage était proscrit par les services de vulgarisation dans les caféières kenyanes jusqu’à une époque récente. En conséquence, peu de travaux de recherche ont été menés sur le fonctionnement des systèmes caféiers agroforestiers complexes. En identifiant les fonctions multiples de ces systèmes agroforestiers complexes, on pourra proposer aux agriculteurs des améliorations dans leurs pratiques agroforestières permettant une plus grande résilience face aux fortes variations climatiques, d’accroître les faibles rendements actuels café et de diversifier leurs sources de revenus tout en augmentant les services éco-systémiques que ces systèmes complexes peuvent procurer.

Tanzanie – Sud Tanzanie : climoséquence du Rungwe

Située au Sud de la Tanzanie et en régime de pluies monomodal, la topoclimoséquence du Rungwe contient une des principales zones productrices de café de Tanzanie, déterminante pour les 300 000 habitants qui l’occupent.  Celle-ci est située entre ~900 et ~1500 m.a.s.l., à une altitude inférieure à celle des Aberdares kenyans, mais dans des conditions de température voisines. Elle s’imbrique dans une succession d’hydro- et agrosystèmes forestiers caractéristiques du gradient hydroclimatique et socioéconomique des hautes terres volcaniques d’Afrique de l’Est, dont les pôles sont la forêt afromontagnarde à Hagenia et Maesa en altitude (P>2000mm) et (pour la région tropicale Sud) la forêt claire zambézienne à Uapaca et Brachystegia et Julbernardia en zone basse (P<1500mm, 4 mois de saison sèche).

Les systèmes agroforestiers à Café-Banane-Maïs (CBM) contribuent de manière déterminante à la structuration du paysage depuis les années 60 et occupent une position clé vis-à-vis du bilan hydrique et de l’érosion des sols (cambisols et andosols molliques à humiques) à la limite inférieure de la zone de recharge de l’aquifère régional. A l’instar des Aberdares kenyans, des contraintes à la fois climatiques (réchauffement de plus de 1°C et baisse de 30% des précipitations annuelles en une vingtaine d’années) et démographiques et socio-économiques (instabilités du marché et crise récente du café, abandon des jachères, déforestation et augmentation de la densité d’exploitations) affectent considérablement la résilience des ressources associées, dont le bois le sol et l’eau. Cet impact est particulièrement évident dans la partie inférieure de la zone à café, avec l’abandon récent de l’association café/plantain au profit du maïs, cacao et riz.

A la différence des Aberdares où l’intégration de Grevillea et Eucalytus dans la gestion des petites exploitations apparaît systématique, la zone à café du Rungwe est caractérisée par une densité d’arbres relativement faible. Les espèces natives (eg. Maesa et Ficus en altitude, Bridelia, Millicia, Treculia, Toona en zone inférieure) sont encore très présentes aux côtés des fruitiers (PerseaMangifera, Psidium, auquels s’ajoutent Phoenix Uapaca et Citrus en zone basse) et des autres espèces exotiques (Rothmania, Pterocarpus, Pinus et Eucalyptus, Neem tree en zone basse).

A cause de la position charnière de la zone à café dans la toposéquence et de la mobilité actuelle et future de cette zone, les impacts des pratiques agroforestières (notamment l’introduction d’arbres) et du changement hydroclimatique sur les rendements et les bilans hydriques et biogéochimiques doivent être mieux compris à l’échelle de la toposéquence (upscaling) pour identifier des stratégies d’adaptation pertinentes aux enjeux économiques et écologiques de la région. En zone supérieure, ces enjeux concernent le rognage progressif des zones à thé et de la forêt afromontagnarde par la CBM. En zone inférieure, ils concernent l’abandon de la CBM au profit de la monoculture de cacao et de riz, soutenus par d’importants investissements (irrigation) et dépenses (en eau).  

Date de mise à jour : 16 avril 2013